breathing under water...

... living under glass

(un journal online)

 

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lundi 25 février 2002

je rentre à paris. dans le train un type très beau qui s'endort (quelle idée) la tête sous le rideau, le contrôleur me parle de vulcania, dernier projet de giscard enfin mené à bout et qui le mène lui au panthéon auvergnat, ma grand-mère en montant me dire aurevoir dans le train n'a pas entendu la sonnerie du départ, elle a fait un bout de voyage avec moi jusqu'à riom, les gens très aimables qui l'invitent à s'asseoir, proposent de l'eau ou des bonbons et racontent leurs histoires.

je rentre à paris, l'urgence du retour c'est aussi l'urgence de te voir, ton corps indissociable de celui de la ville, des rues que tu parcours, le long de ton quartier ta frontière intérieure, je rentre à paris, la pluie la grisaille les toits de fer, le bruit des boulevards, la douceur des jardins, les petits bouts de moquette rose le long des trottoirs pour éponger la pluie et le chagrin des filles, les mille pierres des ponts sur la rivière infinie, la bouche sombre des cafés le bruit et la fumée, et la nuit, et la seine, c'est mon domaine.

pourtant, je ne sais plus vraiment où je suis.

 

j'ouvre toutes les fenêtres et sors tous les disques vinyls du vieux meuble ciré. j'épluche des légumes que je laisse cuire dans l'eau, j'ai mal au coeur tellement et l'impression unique qu'une fois à nouveau, je suis seule dans mes mots. cette maison grande et froide, elle peut faire face au vent, moi je tombe en morceaux au seul cri du silence. j'ouvre toutes les fenêtres je voudrais la lumière, je voudrais la douceur et puis aussi l'enfance, quand je revenais ici seule à la fin des vacances, je tirais ma couette blanche au pied de mon grand lit et je m'y pelotonnais pour lire toute la nuit, j'en pleurais quelques fois, un trop plein de bonheur, la conscience claire et sublime que j'étais invincible, si jeune et si frivole, je m'y pelotonnais la nuit pour noircir des cahiers, la maison grande et froide faisait face au vent, et moi j'y croyais, j'y croyais tant et tant.

le soir tard, je m'endors sans rêver.

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