mardi 26 février 2002
triste et amère, j'ai trouvé refuge dans le bureau de mon père. la petite pièce carrée sous les hauts toits de tuile rouge, ses canapés de cuir, ses livres, ses grands coffres de bois plein de souvenirs secrets, de petits cadres où je me reconnais. j'ai posé mon ordinateur sur son bureau de bois, j'ai écouté ses disques en faisant les cent pas, dans ma robe rouge et noire pieds nus sur le parquet, j'ai dansé les yeux fous la tête renversée, j'ai fait des dessins sur les vitres, à la main sur la buée, la couleur uniforme du givre, j'ai mis son pull quand j'ai eu froid, l'âpre douceur de la laine entre les doigts, il y avait dans l'air un reste de son parfum, j'avais envie d'y rester toute ma vie, je me sentais si fière d'être sa fille, son enfant, sa petite au coeur rouge qui vogue et qui divague le long des chagrins, des amours et du temps.
la nuit est tombée, j'ai remonté
à moi les larges couvertures sur le canapé, j'ai lu et j'ai
écrit, des bêtises qui blessent, des colères douces-amères
qui n'avaient pas lieu d'être, le chat à mes genoux dormait
les yeux mi-clos, la rainure verte entre ses paupières noires comme
le soleil l'été entre les persiennes, j'ai pleuré
un petit peu et promis que tout s'en allant tout irait toujours mieux,
- à mon réveil, il était minuit.
avant - journal - écrire. - après