breathing under water...

... living under glass

(un journal online)

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samedi 19 janvier 2002

nous arrivons très tard, presque à la fin du repas. il y a d'abord eu les embouteillages (les rues de paris comme des fleuves charriant du fer, la lumière crue des phares et les cris des klaxons), et puis le goûter chez Ruth (vive et délicate, les mains veinées de bleu qui s'agitent - crêpes, confiture, butterscotch cookies, du thé et du citron pressé dans des tasses anciennes de porcelaine), et puis enfin le concert (un gospel place de la bastille, dans une église réformée aux allures de bains marocains, Aure et Catherine sont debout les mains jointes, elles chantent, elles ondulent, les voix montent et s'entrelacent et moi je me dis : je me demande où je mettrais mon lit si j'habitais ici)

nous arrivons très tard, presque à la fin du repas. un restaurant chic, près de l'hôtel de ville. on y fête l'anniversaire d'un ami d'Aure et surtout de sa mère, sa mère très grande, très belle, ancien modèle, on y fête disais-je l'anniversaire d'un ami, un indien entouré de femmes en sari, bleu, jaune, vert, des perles et des diamants, des tissus moirés, des ombrelles, Catherine fait tourner le monde autour d'elle, je ne comprends rien à ce qu'il se passe si ce n'est que tout le monde ici est amoureux d'elle. quelqu'un me sert une flute de champagne, un autre me demande si j'aime la campagne, il y a un type qui possède la moitié du quartier et qui se fait un métier d'expliquer le pourquoi du comment du nom des rues et des allées, un autre très chic expose aux yeux de tous les bijoux de sa femme, (sous la table dans sa main le tissu brillant d'un sari blanc), il a un petit air d'acteur américain, le charme en moins. quelqu'un me remplit mon verre, me demande si j'ai les yeux verts, je dis non, très poliment, mais j'adore paris en hiver, Aure m'a pris la main, elle m'entraîne vers la table où officie sa mère (les yeux baissés, les mains tremblantes des hommes devant la déesse adorée). j'ai un petit peu mal à la tête, on me donne un verre d'eau avec un aspirine, une femme vient vers Aure et moi, nous demande si nous sommes cousines, Aure dit oui, depuis dix ans, parce que j'ai été la seule à lui laisser copier ma dictée quand elle est arrivée dans ma classe de cm2, qu'elle était nouvelle et toute effrayée, incapable d'aligner trois mots sur son cahier, Aure dit oui parce que ce jour-là dans la foule inconnue de la classe j'ai été la seule à l'aider. la femme rit. elle est blonde, très maquillée, son parfum vient très lourd, très fort, et me renverse, alors qu'elle nous prend toutes les deux par les hanches et nous emmène danser.

plus tard, sur le bord d'une table. il y a un type pendu au décolleté rond de Catherine qui lui parle de Dieu misécordieux , quelqu'un nous souffle qu'il est commandant aux RG. - les RG ? demande Aure. - les Renseignements Généraux, souffle l'autre encore plus bas. - ah, dit Aure, les services téléphoniques ? - oui oui, dis-je, levant la main vers le serveur pour qu'il lui rapporte une coupe de champagne, il est commandant à france télécom. la femme blonde (une conseillère d'état ou quelque chose dans ce goût-là) s'esclaffe et se penche et se pâme, fait de nous ses protégées, ses mains sur nos poignets, nous parle sans ambiguités de "nos corps de femme". je redemande une nouvelle coupe de champagne. Aure très innocente qui me serre contre elle et renchérit : " c'est comme ça depuis toujours, nous sommes bien plus qu'amies". j'adore. j'en rajoute encore. la femme est très rouge maintenant, elle sent la sueur et le champagne et le parfum de luxe. alors Catherine se lève, sourit, nous souffle : "ça suffit".

nous sortons, toutes les trois, dans la nuit noire et rouge de paris. j'ai un peu froid. je pense à toi.

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