breathing under water...

(le journal d'ophélia)

mercredi 12 juin 2002

robe noire, foulard vert d'eau. j'aime les gares, le parfum âcre de fer et de poussière et puis la pluie qui bat les vitres. je suis la foule je m'y confonds, je prends le métro avec délice. des jours comme ça, se mélanger à tout prix, être n'importe quoi mais quelque chose, appartenir au monde. le soir, baignée de visages et de bruits, apaisée, perdue, je dîne avec D, j'adore ce type et puis sa liberté, ses grands gestes de méditerranéen, le rouge profond du chianti. plus tard encore j'appelle X et je ris au téléphone et je ne lui dis pas que j'ai pleuré, tellement, pleuré hier que je voulais qu'il soit là qu'il me console comme une enfant, j'appelle X je lui raconte des bêtises mais ma tristesse étrange, éthérée, terrible, je ne la lui dis pas. je suis méchante avec lui parfois, parce que j'ai peur qu'il m'oublie, parce que, toujours quand on entre dans la vie d'un type on meurt d'amour et de jalousie, on aurait voulu être là toujours, la petite fille du bac à sable l'enfant sage la voisine idéale l'amour fou le seul l'unique l'imperturbable et que ça dure toujours, je suis méchante avec lui parfois, ou alors très dure, intransigeante, parce que je suis comme ça aussi quand c'est fini. je voudrais bien être plus douce, je voudrais bien, faire des concessions accepter la part défaite, édentée des choses, je voudrais bien je ne le peux pas. je garde le goût du corps, je garde l'amour au coeur. je garde tout cela, le souvenir de l'autre, comme un secret à l'intérieur. quand je le regarde buvant son café et tous ces gestes que je connais mais (par douleur de lui) dont je l'ai dépossédé, j'ai l'impression parfois de rencontrer pour la première fois quelqu'un que je ne connais pas.

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