breathing under water...

(le journal d'ophélia)

lundi 10 juin 2002

le soir comme il arrive parfois, dévastée d'un détail. la nuit je rêve, et je m'emporte, des terres inconnues le sable infini les chevaux fous sous le ciel de craie d'un soleil mort. la nuit je rêve, je tue un homme. la nuit je rêve et si la branche ploie la rivière gronde, au loin dans l'onde le romarin pour le souvenir, et les pensées, dit-elle, pour les pensées, voici encore du fenouil et des ancolies, de la rue et des violettes aussi. j'ai tué mon amour mon bel amour l'amour de mes vingt ans, j'en tuerai d'autres encore comme j'en ai tué avant. par vanité, par orgueil. par fatigue, par ennui, un étrange et perpétuel sentiment d'incomplétude, le terrible amour de l'absolu, le goût du meurtre élaboré, oh n'importe quoi pour ne pas s'ennuyer. j'ai tué mon bel amour, de mes deux mains étranglé, mes deux mains blanches aux ongles laqués. à chaque histoire l'emportement fou en avant, à chaque histoire le sentiment nouveau d'être vivant, bien vivant. et puis après très vite, toujours, les limites de l'amour, quel amour, on ne m'a jamais dit qu'il faudrait se contenter de si peu on ne m'a jamais dit qu'il faudrait croiser les bras et puis fermer les yeux, accepter l'affaissement, l'éboulement la longue défaite au réel. oh je m'en sors toujours, je le sais, femme-enfant, femme-araignée, mon incommensurable liberté, mais le coeur balafré.

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