mardi 25
juin 2002
lettre à B :
les mains très blanches,
et la peau, le sourire pâle de ceux qui sont déjà
ailleurs. ce soir le désir m'échappe, je ne voudrais plus
rien que tomber et dormir. c'est terrible, vous savez, cette tentation
perpétuelle de l'infiniment blanc, le désert océanique,
l'incalculable immensité du ciel et de la mer confondus, le silence,
la douceur du non-être, ce soir je voudrais disparaître.
passage jouffroy j'y allais cet hiver et toujours avec X, je buvais du
thé orange-pekoe mariages frères au café zéphyr.
c'était beau. j'avais écrit là-dessus, sur mon enfance
proustienne de montagnes de gâteaux, toute de sucre et de merveilles,
la pièce montée du souvenir. j'aurais aimé y rencontrer
ces anges dont on entrevoit le sourire entre les pages, je les imagine
à demi dans l'ombre froide des couloirs, les mains dans les poches
et aussi pleines d'histoires, assis sur le bord du monde, de la nuit,
il y en a un qui fume tranquillement des gitane-maïs sur le bord
d'un trottoir. les anges comme les fantômes sont des êtres
de transparence et de miroir, je crois qu'ils viennent dans les foules
folles comme on va au souvenir, pour retrouver toujours l'empreinte d'un
visage. les anges comme les fantômes sont des êtres d'errance.
vous et moi sans doute sommes déjà faits de l'étoffe
qui fait leur transparence.
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