breathing under water...

(le journal d'ophélia)

jeudi 16 mai 2002

après la dernière page du vice-consul je ne pouvais plus rien lire alors je suis montée chercher un flacon de vernis à ongles, un truc futile à faire, délicieux, admirable, un truc de fille, formidable. je n'en trouvais pas. j'ai fouillé dans le tiroir de ma coiffeuse au fond tout au fond et j'ai trouvé : des bracelets de perles et puis des tubes de rouge à lèvres et puis des lunettes noires et puis de vieilles boîtes de pilule (vides), des pierres d'ambre du maroc, des épingles à chignon, des échantillons de parfum, de crème, un petit miroir doré, un dollar néo-zélandais avec un papillon imprimé, des mouchoirs anciens encore tout embaumés de camphre ou d'un parfum usé, et puis aussi, au fond tout au fond dans un recoin, un petit collier avec un médaillon d'argent. le médaillon représente un coeur cassé en deux. c'est un médaillon comme on s'en offre à l'adolescence, entre amoureux, à la saint-valentin ou bien le soir l'été au pied des dunes, que sais-je, un médaillon que l'on casse en grande cérémonie sur le bord d'une pierre ou d'une table de collège, on ferme les yeux on s'embrasse (avec la langue) on dit : c'est pour la vie. quand le coeur casse après pour de vrai c'est un bruit bien plus sourd que celui du fer sur le bord d'une pierre ça casse sourdement on le sait on ne peut rien y faire alors on ferme les yeux on pleure un peu et on dit : quelle connerie. au fond tout au fond de ma coiffeuse de ma mémoire j'ai retrouvé ce coeur brisé. il manque l'autre moitié. je ne sais plus qui me l'avait donné.

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