mercredi 20 mars 2002
en entrant, tout de suite, le parfum de bois et de cannelle. j'ai fermé les yeux, à demi, j'avais peur qu'il ne s'échappe, qu'il s'affaisse tout de suite dans le moment, l'instant qui file comme un oiseau et disparaît aussitôt. le parfum est resté, volatile, aérien. il s'est mis sur ma peau, dans mes cheveux, il est redevenu mien. j'étais folle parce qu'il neigeait dehors, une neige fraîche et légère qui s'envole en bourrasques, j'étais folle je me disais - quelle liberté, soudain, quelle douceur, le soir je ferme les rideaux rouges sur la ville endormie, je m'endors enfantine sous les baldaquins et les bougies, je glisse dans la nuit avec la grâce nouvelle, retrouvée, des fiers et des vivants, ce type dans l'avion qui danse dans ses rubans il me raconte sa vie comme à sa plus chère amie et je crois à ça, tellement, - que les gens qui s'attendent se retrouvent, et que certains, adoucis par la neige ou l'enfance, savent la fragilité et vous protègent, d'un mot, d'un sourire, d'un geste, comme sur le front fiévreux d'un malade on avance un baiser, une main blanche.
partir en voyage, loin, très loin, et se sentir chez soi. enfin.
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