vendredi 22 mars 2002
lorsque j'écris le matin, c'est en chemise de nuit (une chemise de nuit de mon arrière-grand-mère, trouvée un hiver au fin fond d'une malle dans le grenier de la maison de famille). en vérité, cela ne m'arrive pas souvent d'écrire le matin, ou alors c'est à l'aube, avant d'aller dormir pour de bon, commencer ma nuit quand mes voisins se lèvent pour aller travailler. (maman me dit : tu es comme une enfant, tu confonds encore le jour et la nuit) ici, c'est différent. je me réveille très tôt, parce qu'il est très tard en france, et je vagabonde pieds nus sur le parquet qui craque dans ma grande chemise de nuit blanche de grand-mère qui tient très chaud l'hiver. je fais chauffer l'eau pour le thé. je fais des dessins sur les tartines avec le miel doré. je mets tout ça sur un plateau que j'emporte devant la fenêtre. je parle au chat, aux livres que j'emporte, à victor l'ordinateur. je réponds au courrier. j'écoute les beatles : a day in the life. je fais un petit trou dans la buée et le givre de la fenêtre pour regarder la rue, les voitures, la neige qui borde l'asphalte mouillé. j'écris. j'ai l'impression que tout geste, tout acte soudain se pare d'une importance sans pareille, d'une lumière particulière.
et à midi, lorsque j'ai fini, je m'allonge dans le bain, je m'habille, je reviens m'asseoir devant la fenêtre, et puis je recommence.
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