breathing under water...

... living under glass

(un journal online)

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jeudi 15 novembre 2001

Il s'est réveillé très tard aujourd'hui. Il a décrété que le week-end commençait aujourd'hui.

Alors il a dormi jusqu'à ce que la lumière de l'après-midi vienne lui caresser les cheveux, que les rayons paresseux du soleil de Géorgie s'engouffrent sous ses paupières fines, qu'ils parviennent jusque ses yeux. Le réveil est une véritable révolution que le Corps et l'esprit sont condamnés à vivre tous les jours, jusque la fin, jusqu'à ce jour où la machine vivante décidera qu'elle est trop fatiguée pour jamais plus se réveiller. Ou peut-être que je mourrai demain, qui sait ? Dans ce pays, les oiseaux d'aluminium semblent vouloir imiter le mouvement vertical descendant des feuilles à l'automne… Peu importe. Pendant qu'il pleut des avions et des bombes, son Corps, encore tout chaud de cette longue nuit, émerge lentement du bleu de ses draps ; à l'Intérieur, il sent le Ça qui rentre gentiment chez lui, et le Moi qui reprend le contrôle de l'esprit. Les couleurs qui n'existaient que pour la vie onirique palissent pour se plier aux contraintes de la réalité. Like gravity, hypocrisy and the perils of being in 3-D, and thinking so much differently. Réalité abrasive, me Voici me Voilà !!! Je revêts mon armure et je suis Tout à toi !!


Quelque soit l'heure à laquelle il se lève, quelque soit le Temps qui lui reste pour ne pas être en retard -et il est toujours en retard-, il sacrifiera à jamais au rituel du petit déjeuner. Cet instant sacré où les goûts et les parfums viennent engendrer la floraison de son Intérieur, où il laisse glisser les bulles de pensées des souvenirs et de l'à-venir, où il commence à saisir la façon dont il va bien pouvoir colorer chacune des secondes de la journée qui déroule son épais ruban blanc à ses pieds. Tant de choses à Vivre, si peu de Temps pourtant.

Il a reçu un message numérique de son meilleur ami D., un Humain au moins aussi Fou que lui, Un Humain avec lequel il a trempé dans de folles aventures qui sentent bon la garrigue, le Moulon, et la Vie estudiantine. D. est en Inde, sur une troisième joue de la Terre. Il y travaille maintenant, mais il ne s'est toujours pas fait au système des castes -l'auto-nivellation des Humains… c'est beurk !! Il me raconte la folie douce des gens, il me raconte les indescriptibles paysages d'Asie, les plages de Pondichery, les visages fiers et beaux des locaux. Puis il lui parle d'un projet fou, qu'il ne pourra pas refuser : rejoindre Paris depuis Bangalore, à moto, en traversant l'Inde, le Népal, la Chine, l'Ex-URSS, et tout le reste de l'Europe. Tous les deux chevauchant une moto qui date de l'époque coloniale et que l'on ne fabrique plus guère que là-bas. Tous les deux et l'immensité tout autour, tous les deux au Beau milieu de l'éternité… D. tu es un Fou ! (et je t'adore).

Ses Amis sont aux quatre coins de la planète, et bientôt il les rejoindra sur le bord du cinquième. Mais pour l'instant il nage toujours dans le sillage silencieux de son Amour perdu -et pourquoi est-ce que soudain, j'entends Celine Dion chanter sur le pont du Titanic ?? hum. A quoi pense-t-Elle en ce moment précis ? pleure-t-Elle des larmes de joies ? pleure-t-Elle des larmes rouges de moi ? Je voudrais tant qu'Elle aime les Humains au moins autant que les mots, qu'Elle y trouve quelque dimension supérieure, quelquechose qui puisse la ramener à la Vie. Tu es si loin. Il a beau vouloir passer de Un à zéro, il y a comme un mur de briques rouges qui l'en empêche, quelquechose qui peut surVivre à toutes les tempête, aux assauts répétés du Temps. Un condensé inébranlable de ce qu'ils ont construit en un an. Elle l'aime au-delà de tout. Il l'Aime malgré tout. dans la déchirure.

N.

Une rose pour l'amante, un sonnet pour l'Ami [...].
Milosz, Les Sept Solitudes




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