Quelque soit l'heure à laquelle il se lève, quelque
soit le Temps qui lui reste pour ne pas être en retard
-et il est toujours en retard-, il sacrifiera à jamais
au rituel du petit déjeuner. Cet instant sacré
où les goûts et les parfums viennent engendrer
la floraison de son Intérieur, où il laisse glisser
les bulles de pensées des souvenirs et de l'à-venir,
où il commence à saisir la façon dont il
va bien pouvoir colorer chacune des secondes de la journée
qui déroule son épais ruban blanc à ses
pieds. Tant de choses à Vivre, si peu de Temps pourtant.
Il a reçu un message numérique
de son meilleur ami D., un Humain au moins aussi Fou que lui,
Un Humain avec lequel il a trempé dans de folles aventures
qui sentent bon la garrigue, le Moulon, et la Vie estudiantine.
D. est en Inde, sur une troisième joue de la Terre. Il
y travaille maintenant, mais il ne s'est toujours pas fait au
système des castes -l'auto-nivellation des Humains
c'est beurk !! Il me raconte la folie douce des gens, il me
raconte les indescriptibles paysages d'Asie, les plages de Pondichery,
les visages fiers et beaux des locaux. Puis il lui parle d'un
projet fou, qu'il ne pourra pas refuser : rejoindre Paris depuis
Bangalore, à moto, en traversant l'Inde, le Népal,
la Chine, l'Ex-URSS, et tout le reste de l'Europe. Tous les
deux chevauchant une moto qui date de l'époque coloniale
et que l'on ne fabrique plus guère que là-bas.
Tous les deux et l'immensité tout autour, tous les deux
au Beau milieu de l'éternité
D. tu es un
Fou ! (et je t'adore).
Ses Amis sont aux quatre coins de la
planète, et bientôt il les rejoindra sur le bord
du cinquième. Mais pour l'instant il nage toujours dans
le sillage silencieux de son Amour perdu -et pourquoi est-ce
que soudain, j'entends Celine Dion chanter sur le pont du Titanic
?? hum. A quoi pense-t-Elle en ce moment précis ? pleure-t-Elle
des larmes de joies ? pleure-t-Elle des larmes rouges de moi
? Je voudrais tant qu'Elle aime les Humains au moins autant
que les mots, qu'Elle y trouve quelque dimension supérieure,
quelquechose qui puisse la ramener à la Vie. Tu es si
loin. Il a beau vouloir passer de Un à zéro, il
y a comme un mur de briques rouges qui l'en empêche, quelquechose
qui peut surVivre à toutes les tempête, aux assauts
répétés du Temps. Un condensé inébranlable
de ce qu'ils ont construit en un an. Elle l'aime au-delà
de tout. Il l'Aime malgré tout. dans la déchirure.
N.
Une rose pour l'amante, un sonnet
pour l'Ami [...]. |
Milosz,
Les Sept Solitudes
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