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(un journal online)

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jeudi 16 novembre 2001

Il est juste de passage...

Il est juste de passage… Nous sommes tous de passage. Le caractère fini de la Vie, la conscience que Tout a une fin, que nous retournerons tous un jour à la Terre, que nous serons tous poussière de poussière de poussière, et que même si nous passons à la postérité à travers les mots et les ponts que nous construisons, tout sera brûlé par le soleil qui finira par engloutir la Terre. Il sent la maladie de la mort le ronger à l'Intérieur, alors chaque jour il sait cela un peu mieux, il n'a plus besoin de s'asseoir sur le bord du chemin pour avoir conscience de cela. Mais il sait aussi qu'il est vain de focaliser sur la finitude de la Vie, qu'il faut toujours prendre l'ascenseur de la transcendance, dépasser tout cela, la maladie qu'il porte en lui, les brûlures de la trahison, la tristesse qui en coule, la mélancolie pâteuse et blanchâtre. Sortir la tête de l'Eau pour enfin respirer l'Air pur. In…………………………….…… and out... à s'en déchirer les poumons. Il voit le Bleu, le Bleu partout. Elle lui a dit que cela cachait quelquechose, alors il aimerait bien qu'Elle lui fasse sa psychanalyse, mais au fond, il s'en fiche un peu, puisque Tout sera éternellement Bien.


Il est juste de passage, et Elle va revenir de l'Allemagne, changée, bouleversée, et il va lui laisser de nouveau le soin de faire aller sa plume, de se laisser couler dans les mots de son journal, de partager avec les autres son mélange de pluie et de Vie corticale. Il Veut juste comprendre -non, il n'a jamais été question de basse vengeance-, et il adore eXpérimenter. All Life is an eXperiment. Comprendre les implications de l'écriture de soi et du partage de l'intimité, en saisir les contraintes, ressentir combien cela peut être grisant. Sa façon à lui aussi de se faire entendre, de se faire comprendre, lorsqu'il est juste un nom de l'autre côté de l'océan. Il est, en grande partie, la raison d'être de son journal, il en est parfois la matière. Terrible d'admettre qu'il a fait basculer son Amour dans les bras d'un autre par la simple découverte de ce journal. Juste teRRible.

J.A. est juste un passage. Mais cette histoire continue de le brûler à vif. La frustration d'être si loin du feu de l'action, la frustration de sentir son Corps et son esprit rugir et résonner contre les barreaux de sa cage, la frustration d'observer les morceaux tomber derrière la vitre de son écran. Elle aime à se sentir aimée, alors Elle vit véritablement deux amours en parallèle. L'un est en suspens au dessus de l'océan. des bulles de souvenirs qui sentent si bon et le rouge de l'à-venir qui tourne si rond. Faut-il croire les promesses d'une enfant de 20 ans ? Son autre amour s'est lentement construit pendant six mois, un amour purement littéraire qui devait un beau jour verser dans la chair, un amour sauvage puisqu'interdit, un amour orange aux yeux verts qui lui écrit des chansons, qui lui chante des vers. Mon dieu comme tout cela est vain, mon amour et le sien. Mais tu t'en fiches du haut de ton air hautain puisque tu es la première à crier que nous finirons par tomber en poussière de poussière. Oui, mais tu lacères ceux que tu aimes, diabolique princesse.

Et puis il en a assez de parler de lui à la troisième personne, et comme il est tout sauf prisonnier des règles, il va glisser dans la première personne, annihiler la distance qui le sépare du soi écrit, désormais, il est le je. Il est le Jeu. Eternellement ! Je.

J'ai déjeuné avec G. aujourd'hui, il m'a dit qu'il partait au Mexique demain à l'aurore, il voulait savoir tous les documents qu'il lui fallait pour sortir du territoire américain et avoir une chance de pouvoir y ré-entrer. "Ton passeport, le I-20, le I-94 et le petit bout de papier blanc de l'US Immigration Service, ça devrait suffire mon Vieux.". Il va retrouver A1., son amante officielle qui est tombée amoureuse d'un autre français entre Temps, il va la rejoindre à Mexico City, juste avant qu'elle ne s'envole pour Paris, lui faire l'amour une dernière fois et la laisser s'envoler loin de lui. Le week-end dernier, c'était A2. qui était venue lui rendre visite du Mexique, son amante officieuse. Une charmante demoiselle pour le moins mystérieuse aux yeux très noirs, aux pommettes délicates intimement recouvertes par les mèches convexes de sa chevelure incroyablement lisse, une demoiselle avec une descente terrible, tout particulièrement lorsqu'il s'agit de descendre du mezcal. Pendant ce Temps, J. -son amoureuse officielle- se languit de lui en France, appelle quatre à sept fois par semaine, et passe souvent le bonjour au serviable répondeur : 'Bon Jour !'. "Tu as une chance de récupérer A1., tu crois, ou bien c'est juste histoire de lui faire l'amour une dernière fois ?". "A1. m'a dit qu'elle m'aimait peu importe le Temps, peu importe la Distance, mais que ce n'était juste pas le moment pour notre relation. Elle m'a dit de venir. Elle m'a fait promettre que je lui ferai l'amour.". "Excellent ! Et bien fonce Vieux !!". "Je n'en n'attendais pas moins de toi N. !!!". (sourires). Clin d'œil de la Vie, terriblement ironique, mais j'adore.

Ce soir je me suis laissé traîner au restaurant thaïlandais par B., un ami gay qui ne se lasse pas de tenter sa chance avec moi. Je lui parle souvent d'Elle, et cela le tient à distance respective. Je suis transparent et je n'ai pas pu lui cacher tout ce qui vient de se passer avec Elle. et je fais comment pour le retenir moi maintenant ?? Mon dieu B., tous ces gays autour de moi, tu ne crois pas que si j'étais ne serait-ce qu'une once homosexuel, je serais le premier à le savoir, non ? Pendant ce Temps, D. m'écrit que je ne mérite pas le fouet de la trahison, mais qu'il parait que c'est en prenant des tartes que l'on avance dans la Vie… (!). Alors la prochaine je la voudrai à l'abricot s'il vous plaît -tiens d'ailleurs, où diable passe-t-on commande ? J'adore les abricots.

Il aime singulièrement se jouer des règles, alors il plonge à nouveau dans la troisième personne avant de laisser la nuit le recouvrir de son voile bleu. Bientôt il ira voir les étoiles scintiller dans le désert du Névada. Et il se dit que chaque jour est un Beau Jour pour mourir, mais qu'il préférerait voir le lendemain. Cette histoire va finir par le tuer, mais il n'abandonnera jamais, jamais son sourire.

N.

Ah ! ma foi, oui, tarte à la crème ! Voilà ce que j'avais remarqué tantôt ;
tarte à la crème ! Que je vous suis obligé, Ma Dame, de m'avoir fait
souvenir de tarte à la crème ! Tarte à la crème, morbleu ! tarte à la crème !
Molière, La Critique de l'Ecole des Femmes, scène 6




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