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vendredi 2 novembre 2001 l'éternité plein les poches
marcher dans les couloirs du métro, à contre-foule. les visages
plombés, fatigués, des heures de pointe. ils se dirigent tous à grand pas vers leurs
correspondances, tellement pressés, s'en vont ballotants, cognant cognant cognant, les
futurs morts. marcher dans les couloirs du métro, à contre-foule. cheveux défaits, coin
de sourire. le temps tout à moi. j'ai du thé Quimen Da Bie et de l'éternité plein les
poches.
c'est au moins le minimum pour survivre, quand le monde entier
est un encombrement entre toi et moi mon amour. |
samedi, je m'ennuie. ma cousine m'inflige un disque
de musique péruvienne parce qu'elle est amoureuse du flûtiste : "tu imagines, là,
l'agilité de ses doigts sur la flûte de pan ?" je la regarde avec un petit air
inquiet. je suis fatiguée à en mourir. je croque des grains de raisin, je lis mélanie
rabotteau dans mon bain. we can't behave like people in novels, though, can we ? demande
la petite blonde frileuse d'un roman d'edith wharton. - why not, why not, why not ? avec
ma serviette blanche sur mes cheveux mouillés, j'ai l'air d'une religieuse. une
religieuse qui mange des beignets de crevette. hier soir j'ai cru que j'allais mourir
parce qu'il était tellement loin, et moi j'avais tellement froid, je me serrais contre
mon oreiller chinois (rouge), je le serrais fort contre ma joue à y imprimer les petits
dragons qui dansent sur la soie (rouge), je le serrais fort, comme je l'aime, bien plus
que de raison. avec ma serviette blanche pliée sur mes cheveux, j'ai l'air d'une
religieuse. je voudrais qu'il me croque comme une religieuse. un truc à la crème qu'on
déguste dans la conscience superbement jouissive de commettre un péché tout à fait
capital. mais comment je fais pour me laisser croquer quand ce soir encore, il n'est même
pas dans la capitale ? ça m'énerve, cette histoire. c'est tout à fait tragique, cette
histoire. ça n'a pas d'issue, cette histoire. ma serviette blanche pliée sur les
cheveux... j'ai les cheveux qui changent de couleur tout le temps. je voudrais qu'il voie
que j'ai les cheveux qui changent de couleur tout le temps. je voudrais qu'il me voie,
toute entière et seulement, tout le temps. tout le temps. tout le temps. avant - journal - écrire - après |
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