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... living under glass

(un journal online)

 

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20-10-01

les voies sans issue ne finissent jamais

partie en coup de vent, comme toujours, partie pour échapper à tout et surtout à moi-même. partie me faire choyer, chouchouter, aimer à profusion, partie me faire nourrir de gâteaux, de thé russe, d'histoires et de photos familiales (format rond, couleur sépia, in memoria). mes tantes sont folles, elles courent partout, m'emmènent dans des musées, des restaurants chics, elles me bourrent de chocolat et de vin grenat. je respire. je suis bien avec elles, à lire matzneff sous le lourd crucifix de ma chambre, toute la nuit, ou à les accompagner au marché, goûter les fruits. les voisins me regardent avec de grands yeux, "comme elle a grandi", je pense à L me regardant m'habiller pour partir, "les cheveux levés, tu ressemblerais presque à une nurse anglaise." et de rajouter, aussitôt, "enfin, si ta robe était plus longue, évidemment".

dans la grande maison blanche et froide pour l'assemblée générale de l'organisation qui m'a permise de partir aux états-unis du haut de mes seize ans. le front collé à la baie vitrée, les yeux dans le vert du jardin. il fait froid. froid de toi. je me blottis comme une enfant dans mon pull arlequin, je bois du thé (russe), je pense à cette mer qui nous sépare. c'est drôle, il pleut, je me sens perdue, enfantine, défaite de tout, et en même temps, en même temps j'ai la poitrine brûlante sous mon pull, le coeur qui bat comme jamais, la vie qui coule dans les veines. c'est fou, je rentre à paris dans le bruit et la brume du soir, la cohue folle de la foule, je rentre à paris avec la fièvre de la vie à venir.

juin dernier, je relisais sans cesse aurélien d'aragon, j'étais descendue vivre quelques jours chez mes grands-parents, il pleuvait un peu, ciel gris souris, et j'étais amoureuse folle du vert des blés bruissants, dansants sous le vent, j'étais amoureuse folle des iris bleus perlés de rosée qui s'ouvraient à ma porte, des roses rouges, des dalles froides sous mes pieds au petit matin, quittant le bleu du sommeil pour le rose des nuages. j'écrivais, la vraie révolution réside entre les mots. jeudi, dans le jour couchant, marchant le long des chemins de l'abbaye de l'épau, perdue, plongée dans le brun boueux de la terre (il a tellement plu, j'adore) et le vert lumineux des arbres, des pelouses immenses et soignées, impeccables, j'allais sur le bout de mes chaussures rouges, funambule du moment, je me disais, au bout de ce chemin il n'y a que toi, il n'y a que ça, c'est une histoire sans issue et qui pourtant jamais ne finira.

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