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(un journal online)

 

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07-09-01

être provocateur, c'est bien (en plus ça paye)

première de l'émission littéraire campus sur france2 hier soir.
le cameraman se trouve un passe-temps remarquable, celui de montrer tous les tics, les moments de stress, de nervosité, les mains broyées, les crayons agités, tout ce que les invités essayent tant bien que mal de cacher. c'est très amusant. et puis les gros plans soudain sur la bouteille d'eau de houellebecq qui s'ennuie à faire peur, ça témoigne nécessairement d'une finesse intellectuelle sans pareille... bref.

on est content. on n'a rien appris, on n'a rien découvert, mais on s'est senti très intelligent l'espace de quelques heures. c'est déjà ça.

 

j'ai fait un cauchemar terrible cette nuit : houellebecq était réinvité chez durand aux lunettes bleues pour présenter la naissance de son nouveau bébé, oh tellement provocateur, oh tellement nouveau, oh tellement révolutionnaire : son journal intime online...

...

la nouvelle littérature se doit d'être provocatrice. allons bon. ce que c'est nouveau. je suis bien contente de l'apprendre.

(copié-collé d'une pensée non publiée du 30-08-01 :
tombant par hasard sur la section littéraire du Figaro. hum. sélection d'une vingtaine d'auteurs censés révolutionner la rentrée. allons y gaiement. deux ou trois profs agrégés de l'ouest parisien, un hurluberlu ("intellectuel", nous dit-on, n'est-ce pas) qui se cache derrière une photo noire, des journalistes, un normalien. très beau, le normalien. oh ça va, hein. mais encore ? comme auteurs de référence, ils citent tous Céline et Houellebecq. rien que du saignant. mais quand même. c'est très à la mode d'être en colère contre son monde, non? ça a un petit côté adolescent attardé pas négligeable. tu parles. tu parles oui, quand ils écrivent tous sur la même chose, du rien. même pas flaubertien.

le seul à sauver ? guy goffette. et c'est pas parce qu'il m'a dédicacée son bouquin, je le jure.)

...

l'engagement littéraire, je me demande toujours s'il a lieu d'être affiché, montré, désigné comme une provocation terrible, une rupture nouvelle. d'ailleurs, si houellebecq vise juste avec son nouveau roman, ça n'est non pas en parlant de sexe, mais en touchant au domaine du tourisme. le tourisme de masse, rêve en boîte, encore un opium du peuple, allons-y gaiement. le sexe, la pseudo-provocation du sexe, c'est fini, c'est dépassé, c'est un leurre dans tous les cas, car s'il y a des batailles à faire elle ne se font peut être pas sur ce corps là... je ne sais pas... je pense par fragments aujourd'hui, je ferai peut être tout aussi bien d'aller boire un thé en bouquinant mon père Breton.

grumph.

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se réveiller avec un chat roulé en boule entre les bras. faire des dessins dans la buée des carreaux. prendre le temps de répondre à des lettres terribles, des lettres superbes. se couler dans un bain, faire flotter ses cheveux comme des algues marines. parler toute seule, rêver à voix haute, marcher pieds nus sur le parquet, peindre sa bouche en rouge. écrire pour celui qui manque, écrire à n'en plus tenir, des mots qu'il ne connaîtra pas.

se dire que lorsque les grands discutent le monde avec des mots de plus de trois syllabes et des airs intelligents, on écrira toujours les petites choses oubliées, les petits mots qui nous enracinent dans le monde et nous donnent les ailes pour voler.

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"transformer le monde" a dit Marx ; "changer la vie" a dit Rimbaud : ces deux mots d'ordre pour nous n'en font qu'un.
- andré breton, position politique du surréalisme -

 

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