l'immédiate
journal d'O. |
lundi 26 août 2002 quitté paris en catastrophe. j'avais peu dormi. j'ai lu bataille dans le train. la pluie battait les vitres. je me sentais filer en avant, fendant le gris plombé du ciel et comme jaspé de fer. tout me glissait entre les doigts. j'étais ivre de mon propre parfum, ma propre douceur furieuse, emportée. j'avais envie d'arrêter d'écrire pour toujours, envie de fuir dans la couleur, envie de porter un enfant. je tremblais. j'ai bu un thé. j'ai fait un sourire merveilleux au type d'en face qui me dévisageait. poseuse. j'ai ri toute seule. je me suis dit que je n'aimais que ça, que je n'étais bien que là, dans ces temps gris de pluie profonde, la lumière crue du ciel qui déchire les yeux comme on déchire du tissu. j'ai tapoté du doigt tout le long de la fenêtre. je me sentais désirante, fugace, nerveuse, secrète. je n'en pouvais plus de ce corps, cette pesanteur de chair et d'os, j'aurai voulu me fondre dans l'amour fou, la vitesse, la couleur. la douleur étrange soudain est revenue, le coeur froissé comme une boule de papier, un morceau de tissu. j'ai pensé que j'allais mourir jeune. je me suis dit que ça m'était égal, bien égal puisqu'il m'aime. |
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