l'immédiate

journal d'O.

vendredi 22 novembre 2002

au petit matin le front dans la lumière, collé à la vitre du bus, et la ville qui défile dans mes yeux. je tangue lascive et fatiguée dans ma jupe violette, mon grand pull noir. vous m'approchez un peu comme on approche la lutte, le corps d'un animal : flattant d'abord du plat de la main et puis très vite cédant à l'ivresse du corps, le désir sanguin, l'étreinte comme à la mort. je plie la nuque. vous vous souvenez comme moi de la première fois où vous avez pris ma bouche et ma main, un après-midi d'automne sur le banc d'un jardin, et dans ce seul mouvement déjà j'abandonnais un peu de ma peau à la vôtre, tout mon corps à la vague. ce corps qui me dépasse, corps d'albâtre et puis d'une chair profonde, violente, languide, une chair qui vous appelle et vous retient. dans les cafés branchouilles de l'avenue Niel j'étends mes longues mains et ma gorge jusqu'à vous, ma gorge marquée d'un collier noir et puis des traces profondes de vos baisers. vous pouvez aller tranquille dans la vie, je vous regarde et vous protège, il y a quelque chose de la vague dans la façon dont je vous aime, quelque chose de long et de profond, et qui se donne, et qui se reprend, et puis que rien n'arrête.

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