l'immédiate

journal d'O.

lundi 14 octobre 2002

les matins de pluie fine et tristesse infinie j'allais finir ma nuit dans vos bras. vous aviez votre appartenance déjà toute rivée à mes membres, la paume blanche de mes mains, et mes seins, et mon ventre, quand vous vous y engouffriez et que votre voix faisait cortège je pliai la nuque comme aux anciens mirages. la pluie et le vent battaient les vitres, ma seule façon de vous dire mon amour sans me risquer au désordre du langage, c'était me risquer à l'abandon du corps, et le corps parlait de lui-même ; je vous recevais en moi comme attendu de longue date, au détour d'un chemin ou d'un rêve pareillement émerveillée je vous aurai reconnu. la pluie et puis le vent battaient les vitres, dans la lumière folle qui tombait des fenêtres je me noyais au gris et bleu mélangés de vos yeux, la douceur effacée sous les toits de Paris. je pensais : j'ai toujours été fascinée et répulsée aussi par ce corps qui est le mien, quand il s'étale enfin en vous j'apprends à l'aimer sous vos mains. et toujours je me sentais vivante l'espace d'un orage, une étreinte, un instant. et toujours j'allais naviguant comme liquide dans vos bras. la pluie et puis le vent berçaient mon désir. je portais au cou la marque de vos baisers comme les fragments d'un rêve, ou les perles d'un collier.

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