l'immédiate

journal d'O.

mardi 16 octobre 2002

j'ai enfin réussi à regarder la maman et la putain jusqu'au bout. j'ai eu très mal après. le blanc immense, et puis rien n'a de sens. la lumière sale qui dégouline des fenêtres. je me suis sentie seule et idiote et sans attrait, perdue, ou même pire : introuvable. pourtant L était là, et ses mains qui disaient : je suis de ton côté de la vie, et dieu qu'elle était belle, très blonde en foulards noirs, ce parfum de sa peau qui est : un parfum d'ambre et de musc blanc. j'ai fait semblant un moment, pas longtemps, et quand elle est partie (se tournant pour me faire signe de la main), je me suis cassée en deux à nouveau. le soir je m'accrochais à tout, le clac-clac de mes chaussures sur les pavés, les lumières du restaurant et puis le rire de ma mère, mais les lumières étaient trop vives, le homard idiot me lorgnait du coin de l'oeil. je pensais, au début du film pourtant j'aimais tellement Jean-Pierre Léaud et ses écharpes flottantes, son phrasé, son air de perpétuel enfant (quand je dis ça j'ai toujours cette image figée d'Alphonse tournant brusquement la tête en dérapant dans son kart dans la nuit américaine), au début du film je l'aimais tellement que j'avais pensé, en riant : si je n'avais pas tant aimé X j'aurai presque pu le trouver séduisant.

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