l'immédiate
journal d'O. |
vendredi 18 octobre 2002 dans les années 80 j'en suis sûre vous dansiez dans des boîtes avec des filles blondes décolorées et toutes rebarbouillées de couleurs, vous aimiez tout un tas de groupes tout à fait inconnus et puis ça vous fait rire maintenant quand je vous dis, au détour d'une conversation, que cette nuit triste et défaite je n'ai trouvé le repos qu'en écoutant david sylvian et king crimson. je vous raconte : la première fois que j'ai entendu une chanson de king crimson, c'était l'été dernier à istanbul, j'habitais une petite île byzantine que l'on appelait l'île des princes, le samedi midi je déjeunais de pain blanc, de miel et de fromage, je prenais le ferry tout blanc jusqu'à la côte pour aller dans la ville, me perdre dans les souks, les bazars, l'odeur ambrée des bois et des encens, j'avais des sandales de cuir brun et un voile en lin blanc, je marchais dans la ville toute poudrée de soleil, au find fond des passages les marchands appelaient aux étals (à istanbul, la ville turque est dans toutes les rues perpendiculaires aux grandes artères européannisées) comme les muezzins à la mosquée, le soir avant de reprendre le bateau dans les vagues claires du bosphore j'allais chez Tefik qui me donnait à boire et me faisait assoir dans la pénombre très fraîche de son appartement, l'eau était glacée et dans de tous petits verres, il s'asseyait en face de moi sur les grands fauteuils rouges, il me regardait sans parler, il me frôlait sans me toucher, avec le crépuscule il mettait cette chanson de king crimson que je n'ai jamais retrouvée. |
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