l'immédiate

journal d'O.

lundi 21 octobre 2002

dans le train du matin les femmes se maquillent devant de toutes petites glaces qu'elles serrent dans la paume de leur main. où vont-ils tous, ils s'en vont travailler, quand le train arrive au terminus ils se lèvent et s'approchent des portes pour être les premiers à descendre, ils ont ce réflexe du matin et qui leur semble une évidence, ils se lèvent tous dix bonnes minutes avant l'entrée en gare pour descendre les premiers du train. je marche loin en arrière sur le quai. la pluie prend goût de fer dans la gare et le crissement des rails. on peut aimer ces moments de latence qui s'étalent entre la ville et le ciel, on peut aimer le vent dans les cheveux encore humides et qui joue comme une main. on peut aimer, en silence, le trajet jusqu'à vous, l'interminable et éternel trajet jusqu'à vous. c'est déjà être ensemble que d'être heureuse de ça, la routine douce du monde qui va, la courbe du couloir qui projette en avant jusqu'au prochain métro. c'est déjà être à vous, à vos beaux yeux de pierre bleue, quand marchant sous la pluie le long des boulevards clairs on sourit sans savoir et puis on s'abandonne, au bruit doux de la ville, à l'étrangeté des choses, le goût fort de l'automne. plus tard comme ouverte en vos bras je penserai qu'il me fallait cette douceur, toute cette douceur de vous pour enfin battre en brèche toute la violence que toujours je me fais à moi-même.

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