l'immédiate

journal d'O.


vendredi 28 février 2003

ce matin la ville sentait la pluie, et je fermais les yeux, et j'aimais ce moment plus que tout, ce moment de l'attente lourd et puissant et prégnant partout dans l'air et les gestes des gens : quand il a commencé à pleuvoir dans l'après-midi j'étais ravie de ne pas avoir de parapluie, le soir tard marchant dans la rue des écoles avec Hélène à la sortie du Testament du Docteur Mabuse j'adorais plus encore l'ombre noire de la pluie le long des façades tranquilles et des trottoirs, les grosses flaques rondes et les étoiles dans leur miroir. on marchait vite pour chasser de nos rêves le cri aigu de la folie, le double-fond des mots et des images : toutes ces portes ouvertes, fermées, ces fenêtres condamnées ou marquées de secrets rendaient le film gigogne, un empilement de possibles dans la fiction et dans l'Histoire. je frissonnais tout le long du chemin du retour.

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