l'immédiate
je repense à la nuit que je n'ai pas voulu écrire. la nuit chaude et collante, la belle poitrine plate de R, et sa façon de se frotter les yeux avec la paume de la main, ton entrée dans la pièce comme au fond de ma bouche, le moment ralenti où tu viens t’assoir à côté de moi et pourtant comme si tu ne me connaissais pas. tu voudrais être indemne ou tu me souhaites jalouse, tu fais l’enfant mon coeur, tu tires sur le fil d’une idiote aux cheveux rêches qui te mange dans la main, j’avoue que ça me dépasse tout à fait : je flâne sur la frontière sensible de ta peau, j’admire, je me nourris, tu peux partir tranquille avec ta grande sécheresse botte de paille et soumise, tu reviendras de suite car ensemble nous avons une partie d’attraction et d’orage à finir. l’idiote me toise, j’en ris toute seule, je ne te ferai pas l’affront du recours à autrui, je suivrai le mouvement dans la cale d’un bateau, les escaliers de fer, immenses, les bras, les rires, versant les uns les autres tout au fond de nos gorges des ti punch faits de sucre un peu et surtout vitriol, c’est simple, très simple, je le sais à ma peau qui tangue et qui s’étend. est-ce que tes paupières tremblent ? un peu, quand j’absorbe ta main quand je t’emmène enfin tout à travers la foule oui tes yeux sont latents, secrets, il est inutile de résister tu es sur le pont vide le bord des larmes et de la nuit tu dis ok, tout à travers les pelouses vertes, sublimes, jusque sur la place en désert les lampadaires abscons, la sale aube amortie à peine dans les ruelles en serpent et puis te regarder dormir, longtemps, t’avoir si jeune et si violent, ta beauté te tire tout le temps en avant, ta beauté folle me heurte - je ne m’en protège pas. avant -
après 17 mai 2007
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