l'immédiate
journal d'O.

 


les images sont statiques. trains de glace, visages aveugles, tout au bord d'un plateau et pas même le vide en accueil. la nuit est fade et granuleuse, une nuit de fièvre et de médicaments. l'envie de pleurer ne mène à rien. je ne vais pas dire je t'aime, à personne, je vais dire j'ai peur, j'ai mal, je ne me suffis pas et je n'a pas d'issue. c'est un croc que j'ai dans la poitrine pour toujours tout savoir et pourtant tout découvrir trop tard. déchirures du réel, sales morsures, le dégoût de mes limites et de mon manque de courage. objectivement, je ne sers strictement à rien. j'ai tellement voulu la vie : brillante, intense, à descendre dans sa peau à chaque instant du monde, j'ai tellement voulu entrer dans des espaces comme on entre dans la matière même, la densité d'être à soi étrangère et entière, avec le goût de se perdre, j'ai tellement voulu - et maintenant tellement peur. les désirs sont statiques : être douce, reconnue, apaisée, plus jamais seule. je m'en veux d'être faible, je ne me supporte pas d'être faible - en demande.

et terrorisée soudain d'être si peu douée pour vivre ce que je préfère : les histoires. 


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vendredi 26 octobre 2007