l'immédiate

journal d'O.

mardi 20 août 2002

je dors à l'envers, je me réveille la nuit, il y a un bruit étrange qui vient du coffre en bois, de la grosse malle en bois avec les bords ferrés, un bruit étrange de tic tac ou de hochet, un réveil oublié dans le ventre de la malle, la montre du capitaine crochet dans le ventre du crocodile. je dors encore et je me lève, je suis fiévreuse soucieuse fragile ça intéresse qui ? personne, je fais les cents pas dans la maison qui résonne, j'allume la radio je compulse des journaux je pense à l'eau qui monte là-bas et puis qui me fait peur, mon lit vide blanc éventré je ne peux pas y retourner, des cauchemars et trop de rêves surtout, le bruit fou d'une horloge enfermée. je fais couler un bain, il est huit heures du matin, je lis Verlaine à voix haute et Rimbaud, pour répondre, je lis tout cela comme je voudrais qu'on me le lise, à moi, rien qu'à moi, comme on lirait à une enfant. la radio m'accompagne toujours, la seule voix, seule présence, et je pense : je voudrais être douce et souple de l'intérieur comme ces speakerines de FIP à la voix de velours, celles qui disent en feulant les nouvelles tragiques, celle qui annoncent en riant les morts et les accidents sur le périphérique.

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