mercredi 17 avril 2002
il appelle le soir, il me dit : j'avais envie de parler à ma fille. je dis : ah oui, c'est moi. j'aime bien quand il me téléphone comme ça en peu en clandestin, parce que ma mère et ma soeur sont parties en vacances et qu'il est seul à la maison, qu'il s'ennuie. il a du rentrer tout à l'heure. il a ouvert les fenêtres et puis il a bu son verre de lait debout dans la cuisine, un verre de lait et un carreau de chocolat, debout et encore tout habillé dans la cuisine, comme les enfants qui rentrent de l'école. il a déambulé de la cuisine au bureau dans la maison vide, un peu dépité. le chat tout aussi seul l'a suivi partout. il est redescendu en se disant qu'il avait des tas de choses à faire sans doute mais il ne savait pas quoi. il a ouvert une nouvelle tablette de chocolat. l'air chaud entrait par les fenêtres alors il a fait un tour dans le jardin pour prendre le soleil avant qu'il ne s'échappe. je suis sûre qu'il a oublié d'arroser les fleurs.
il appelle le soir, juste avant d'aller dormir. c'est la fin de l'après-midi ici. je bois du thé et je mange des gâteaux, je pense à la vie que j'aurais ici, si je revenais, et je vais revenir. il me dit : j'avais envie de te parler. il a sa voix de petit garçon qui s'ennuie. mon père au téléphone le soir a une voix de petit garçon qui s'ennuie.
il n'y a que lui qui me manque comme cela. les gens que j'aime je les aime infiniment et j'ai le coeur serré de les laisser derrière moi quand sur un coup de tête une idée folle je m'en vais très loin et très longtemps, les gens que j'aime je me languis d'eux de leur rire et de leur voix je pense à eux pour un rien une chanson le bruit de la pluie qui se met à marteler le toit mais il n'y a que lui, vraiment, qui peut me manquer comme cela.
avant - journal - blog - écrire - après