dimanche 21 avril 2002
je me souviens du jour où je suis partie vivre aux états-unis, je me souviens de l'instant précis où je l'ai quittée devant chez elle, sous les lilas les rosiers flamboyants, montant dans la voiture j'avais les larmes aux yeux et puis elle m'avait dit : à demain, comme avant. ça sera toujours difficile à dire, cette histoire folle l'histoire d'une confiance, une complicité, quand nous dansions la nuit dans des fêtes et qu'ils mouraient de jalousie, tous, sur le bord de la piste, ce type qu'elle aimait un peu cet autre qui me plaisait, ces garçons avec qui l'on sortait, ils ne comprenaient pas, personne ne comprenait, on n'explique pas ça avec des mots quand c'est le corps qui parle, le coeur aussi ce goût de l'absolu, à chaque fois qu'elle entre dans la pièce j'en reste terrassée. ça n'est pas comme si le monde, le coeur se divisait se recoupait en équation, ça n'est pas comme si l'on pouvait expliquer cela avec des mots ou même une chanson, elle s'en va dans la vie en suivant son chemin et moi je suis le mien et nous restons ensemble, toujours, elle avec ses amours son profil de madone, moi et ma mélancolie mes mots et mes amants, on se distrait comme on peut pour ne pas mourir trop vite et puis on se retrouve, tout le temps, comme avant, ça n'est pas comme si l'on pouvait expliquer cela, aimer des tas de types, follement, infiniment, vivre des histoires sublimes se laisser protéger, être leur amie leur amante leur maman, et puis quand le soir je range mes vieilles lettres soigneusement conservées dans un beau carton à chapeau je me dis : les seules lettres d'amour que j'ai jamais écrites, au fond, elles n'étaient que pour elle.
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