lundi 22 avril 2002
ça n'est pas de l'orgueil. c'est de la peur. la peur de ce grand vide qui s'offre devant moi, la mort l'oubli et puis le froid, l'insupportable absence de désir. ça n'est pas de l'orgueil, ça serait trop facile si c'était de l'orgueil, c'est du rêve, c'est de la barricade, c'est un jeu fou pour ne pas mourir. quand je vais dans la vie avec cette assurance folle, sophistiquée, mes grands mots mes yeux trop maquillés c'est que j'ai peur à chaque instant de tomber. et je tombe, tout le temps. je ne sais pas plier le dos sous la réalité, je ne sais pas encaisser les coups. ça n'est pas de l'orgueil, c'est de la peur, de la mise en scène terrible, cruelle. c'est le théâtre fou du grotesque, le théâtre de l'absurde. c'est l'accumulation des plaisirs la saturation des couleurs la multiplicité des humeurs, parce que je ne sais pas qui je suis et puis parce que j'ai peur. je ne sais pas vivre sans vouloir autre chose. je ne sais pas. je vendrai ma peau pour un désir. n'importe quoi, un rêve une illusion quelque chose à quoi se retenir. un dieu peut être ou une belle cause, quelque chose qui me légitime. quand je suis tout le temps toute seule. quand je me fatigue si vite de tout. quand je ne sais pas aimer sans blesser. vivre sans me déchirer. que j'ai toujours cette tentation folle de me faire mal, de m'abîmer. ça n'est pas de l'orgueil, j'aimerais que ce soit de l'orgueil ça serait bien plus facile si c'était de l'orgueil. je ne dépendrais pas de tous les types que j'aime je n'aurais pas ce besoin fou, délirant, de me projeter en avant, cette angoisse perpétuelle de n'être jamais assez belle, je n'irais pas dans la vie avec tous ces démons, les monstres sous le lit la peur d'être toute seule dans le noir, les soirs infinis de vent et de tristesse où je sais que je me déteste.
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