l'immédiate

journal d'O.

mercredi 17 juillet 2002

la fièvre est retombée dans l'après-midi. j'étais très faible, le téléphone n'arrêtait pas de sonner, j'ai fini par débrancher la ligne et puis je me suis endormie. tout à travers le rêve, de longues étendues d'eau et de neige s'étalaient devant moi et je me sentais glisser, terriblement, glisser sans pouvoir rien y faire, j'avais peur, tellement, le vertige, la démence, et d'un seul coup A était là, qui me tenait la main. il me tenait la main, très fort, et tout le bras, et tout le corps, la violence très douce d'un tout petit enfant ou bien d'un animal. je pensais, nous nous sommes aimés, c'est certain, plus que je ne le saurai jamais, aimés de cet amour qui n'est peut être qu'une appartenance adolescente, un moment de la vie où les corps se retrouvent, et puis qui dure toujours. j'étais très fière alors de cet amour impossible qu'il avait pour moi, qui me donnait un corps, dans les fêtes le samedi je dansais tête penchée j'étais ivre de tout, la nuit folle, la fumée, dès lors qu'il entrait dans la pièce il savait que ni lui ni moi ne pouvions échapper à ça, cette dictature du corps : je n'appartiens qu'à toi. j'étais très fière et aussi dévastée de ça, de cet amour-là qui m'emportait, me dépassait, quand il tenait ma main il la tenait très fort, et tout le bras, et tout le corps, il avait ce désir impossible de m'enfermer en lui, la violence très douce d'un tout petit enfant, ou bien d'un animal.

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