l'immédiate

journal d'O.

dimanche 21 juillet 2002

ce jour-là, je me souviens, j'étais descendue tout le long de la presqu'île tenant l'enfant dans mes bras. il faisait chaud. elle dormait. elle avait des cheveux clairs, épars sur les épaules, qui se fondaient aux miens. elle entourait mon cou de ses petits bras fins, serrant les poings. dans la calèche avec sa mère, elle était montée sur mes genoux, s'était pendue à mon cou -je venais juste de la rencontrer-, et puis, délicieuse, s'était endormie dans mes bras. j'étais descendue tout le long de la presqu'île la portant contre moi, et tout le long de la jetée, vers la mer bleue, les bateaux, les voiliers. elle sentait l'ambre blanc et la poudre à bébé. elle avait la peau douce, fraîche, ensoleillée. on s'écartait sur notre passage, les hommes en djellabahs, les enfants, les femmes voilées. on nous laissait passer. l'enfant me ressemblait. elle s'appelait Ilona. ses parents étaient français, expatriés à Istanbul. on la prenait pour ma fille. dans le bruit sourd de la ville, l'agitation de la presqu'île, elle dormait douce sur mon épaule et tous ses cheveux clairs, blondis par le soleil, se confondaient aux miens. un grand monsieur très vieux, très digne, s'était doucement penché pour me saluer et me laisser passer.

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