l'immédiate

journal d'O.

jeudi 25 juillet 2002

on dirait que les moissonneuses ont recommencé à chanter. leurs phares ronds battent le jour, la nuit et la paille jaune des prés. de grands nuages de poussière remontent de la campagne voisine. je les regarde de loin, le dessin de leur passage sur les collines. j'ai encore revu le médecin, je reste assise toute la journée à l'ombre des vieilles pierres et des vignes. je n'ai pas la force de marcher plus loin que la grande rangée de pommiers du jardin. j'étends ma chaise longue entre deux brassées de mélisse et un buisson de cassis. je regarde le lavoir de pierre, la maison aux volets rouges et puis les prés, je me souviens des yeux très gris de mon arrière-grand mère, je pense : il m'a fallu du temps pour aimer cet endroit, mais maintenant ce sera comme pour tout, je m'emploierai à l'aimer toute entière, et jusqu'au bout. le petit chaton roux des voisins m'a prise en affection. il tient tout entier dans ma main repliée. le voisin lui-même, inquiet de ma santé, m'apporte du vin rosé et des livres anciens hérités de son grand-père. il dit que j'ai une vie trop aseptisée, qu'il ne connait que deux remèdes : l'eau de vie d'airelle et le fromage aux artisous.

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