l'immédiate
journal d'O. |
vendredi 26 juillet 2002 je m'en vais dans la montagne avec un panier et un gilet à fermeture éclair. je marche doucement. je suis fragile encore. je m'arrête souvent, sur le bord des chemins, les troncs renversés, l'eau douce d'une source. le arbres s'arrondissent sur ma tête comme des parapluies. je siffle le chien d'une herbe pressée entre deux mains. je m'arrête souvent, j'ouvre mon cahier violet, j'écris. je ramasse des fleurs, des cailloux ronds, des myrtilles pour les yeux de J.A. hum, ça m'a échappé. je pose ma main contre l'écorce des arbres pour leur parler. j'invente des chansons dans les chemins. je récite les verbes forts allemands dont je me souviens. je manque m'évanouir de chaleur et de fatigue. je m'imagine perdue, seule la nuit dans la forêt, les animaux sauvages, le silence ancestral. n'importe quoi. arrivée tout en haut du petit col, la vue me prend à la poitrine. en contrebas dans la vallée le soleil s'est couché sur le château médiéval de la petite ville de D. d'un seul coup le rouge recouvre les prés, les blés, la montagne. on dirait que toute la campagne est en flammes. |
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