breathing under water...
(le journal d'ophélia) |
jeudi 23 mai 2002 n'appartenir qu'à soi, qu'à ce corps éphémère, ce corps de soie si douce promi à la poussière, ce corps que l'on donnera, et avec tant d'amour, et que l'on reprendra, avec le petit jour. n'appartenir qu'à soi, et pourtant tout offrir, quand je m'en vais dans la ville les yeux très fardés et puis la bouche très rouge (il dit : la femme baudelairienne) j'emmène avec moi mon lot de rêve de désir de volupté et puis ça me fait rire, j'achète des étoffes douce des épices et des livres, j'écoute les gens parler dans la foule qui m'entraîne, j'aime infiniment le goût de la ville et puis celui de la pluie, le dos arqué des ponts comme de gros chats qui jouent, J quand il est triste j'ai envie de lui apporter des fleurs et puis des livres et puis de la viande rouge, de le faire manger de force comme on ferait d'un enfant, de le protéger des cons des loups des méchants, quand je m'en vais dans la ville je cours après mon ombre, ma liberté splendide parce que je vais mourir, que j'adore cette idée qu'elle nourrit toute ma rage et puis mon hystérie, quand je m'en vais ruisselante de bonheur sous la pluie, la tour saint-jacques bardée de fer, les tournesols sombres, le goût de l'amour fou et puis de l'éphémère, place de l'hôtel de ville le panneau d'information de la mairie n'affiche qu'un galimatias impossible de signes cabalistiques. n'appartenir qu'à soi. n'avoir pour seules attaches que celles de son corps, et pour seule vérité que celle de son langage. |
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